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Page:Gobineau - Scaramouche - 1922. djvu.djvu/114

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— Je vous dis que c’est du meilleur goût.

— Mais c’est fort loin !

— Elle est charmante.

— On se moquera de moi !

— Tout le monde voudrait être, à votre place. Belle Angélique, le comte attend votre amie et exécutera tout ce qu’elle exige, n’en doutez pas. Maintenant, partons, car nos rameurs attendent, et le jour va paraître.

— Je vais chercher mon amie, dit la capricieuse nonne en s’enfuyant.

— Diable ! objecta M. de la Mézie ; en prenant une prise de tabac.

Au bout de quelques minutes, les deux nonnes parurent à l’extrémité de l’allée. La nouvelle venue était voilée avec le plus grand soin et l’on pouvait préjuger, d’après sa démarche naturelle et ferme, une certaine fierté de caractère qui ne s’accordait pas trop bien avec l’action qu’elle commettait en ce moment. Les compliments furent courts, ainsi qu’on le peut croire, et on se hâta de prendre place dans la gondole qu’avaient amenée les deux amis et qui partit comme une flèche dans la direction de la terre ferme.

Un peu avant que le jour eût paru, on toucha la terre. Je passe sur la conversation qui eut lieu auparavant ; elle fut, de la part du chevalier, un feu roulant de choses aimables et pleines d’esprit qu’il est inutile d’enregistrer et auxquelles Angélique répondait avec plus d’embarras que d’amour. Sa compagne ne disait mot, et don César l’imita,