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Page:Gobineau - Scaramouche - 1922. djvu.djvu/14

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de nouveau Arlequin : c’est à prendre ou à laisser.

— Mais si, au lieu de parler tous à la fois, vous me laissiez le temps de vous répondre, répliqua Matteo, cela vaudrait bien mieux, car j’accepterais.

— Vraiment ?

— Avec joie et…

— Avec joie suffit, interrompit le gros Polichinelle en lui tendant les bras ; qu’il subisse un embrassement général !

Emu jusqu’aux larmes, Matteo se prêta volontiers à cette opération, espérant qu’après la figure huileuse de Polichinelle, la face anguleuse d’Arlequin, la mine bouffie de Tartaglia, l’angle aigu de Pantalon et le facies inqualifiable de la vieille dame, il parviendrait à l’Eden semé de roses des joues de Colombine ; mais arrivé à cette dernière station, Tartaglia, n’y tenant plus, le jeta au fond de la voiture d’un coup de poing dans l’estomac, et il accompagna cette brutalité d’un regard si terrible, que le nouvel artiste dramatique jugea qu’il était prudent de ne pas l’exaspérer.

Cependant Polichinelle reprit :

— Veux-tu être Cassandre ?

— J’aimerais mieux un autre rôle, dit Matteo d’un air boudeur, en se frictionnant le creux de l’estomac.

— Eh bien, jeune ambitieux, le rôle du Docteur te convient-il ?

— C’est trop bête.