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Page:Gobineau - Scaramouche - 1922. djvu.djvu/17

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Jean Foscari, un des jeunes nobles les plus ruinés de la République, à faire la cour à la belle Rosetta. Tout cela procédait convenablement, régulièrement, ennuyeusement et comme il convient à des personnes d’un haut rang.

— Arrivez donc, l’abbé ! dit la jeune fille. Où êtes-vous ? Que faites-vous ?

— Madame, je demande des millions d’excuses à Votre Excellence Illustrissime. Voici la musique ; commençons, s’il vous plaît… Ah ! pardon.

— Vous êtes bien ennuyeux, l’abbé, de laisser tomber la musique comme cela, mais vous avez quelque chose ! Oh ! la drôle de figure ! Je veux savoir ce que vous avez. Etes-vous malade ?

— Non, Excellence.

— Vous ressemblez à un casse-noisettes.

— Excellence, je suis heureux quoique bien inquiet.

— Grands dieux ! que vos lenteurs m’impatientent ! s’écria l’irascible héritière en frappant du pied.

L’abbé prévit un orage, et, se hâtant de le détourner, il avoua qu’il était l’auteur de la pièce qui se jouait le soir même au théâtre de Saint-Ange.

— Vraiment, l’abbé ; vous avez donc de l’esprit ?

— J’ai fait plusieurs acrostiches sur le nom de Votre Excellence.

— Ah ! c’est vrai. Je veux voir votre pièce.

— Il est temps alors que Votre Excellence se hâte de faire retenir les places, dit le bon abbé en