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Page:Gobineau - Scaramouche - 1922. djvu.djvu/36

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"Ingrat ! fuir ainsi et m’abandonner à la tyrannie d’une famille soupçonneuse et d’un fiancé jaloux ! Revenez ; j’ai besoin de voir un ami, peut-être ne voudrai-je plus le quitter quand j’aurai pressé sa main.

Le Masque."

Cette lettre fut remise à Matteo au sortir d’une représentation donnée au palais. Il la lut avec la plus louable attention, bien qu’en grinçant des dents et en frappant du pied, car c’était un naturel violent ; au bout d’un instant, il se calma et reprit l’épître sur laquelle il médita pendant une heure, assis dans un grand fauteuil et buvant un sorbet à petits coups, tandis que ses camarades et Colombine et Barbara bruissaient et cabriolaient dans la chambre.

— Que fait donc le favori du prince ? A quoi pense le ministre futur ? dit Arlequin.

— Vous répétez toujours la même chose, répondit Matteo rêveur.

— Voyez donc le dissimulé, reprit Colombine ; il connaît bien l’histoire de Farinelli et il sait qu’il vaut tout autant.

— J’ai grand besoin d’aller à Venise, murmura Scaramouche en se parlant à lui-même.

— A Venise ! à Venise ! s’écria la sage et prudente assemblée avec stupéfaction ; es-tu devenu fou ?

— Non, j’ai des affaires à régler.

— Des affaires d’intérêt sans doute, observa ironiquement