Page:Gobineau - Scaramouche - 1922. djvu.djvu/49

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profitant d’un instant de silence, s’écria d’une voix émue :

— Mes chers, mes bons camarades, après bien des folies, je puis même dire des erreurs causées par un indigne amour, je reconnais enfin que je n’ai pas de meilleurs amis que vous, de plus tendre affection que toi, ma chère Colombine ! Dame Barbara, vos pigeons à la crapaudine étant incomparables, je vous prie de nous en confectionner en y mettant toute la science que vous tenez du cuisinier français, votre défunt époux ; mais avant tout, mais surtout je vous prie de m’accorder la main de mon adorable Colombine, à qui je prétends m’unir en légitime…

— Imbécile ! lui dit prestement la jolie fille en lui riant au nez, te voilà aussi bête que Tartaglia ; embrasse-moi ; ne sois amoureux de personne, pas même de ta très humble servante ; vivons tranquilles ou plutôt joyeux, et ne nous épousons que le moins possible.

Cela dit, elle se jeta à son cou.

Ce fut un signal général de renouvellement d’embrassades : le souper parut un moment après ; puis, après avoir bien mangé et bu davantage, on se mit à dormir, et la caravane repartit le matin pour Florence, où le grand-duc, apprenant ce qui était arrivé, la reçut avec plus de ferveur que jamais.