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Page:Gobineau - Scaramouche - 1922. djvu.djvu/75

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dit à son oncle, et lui fit dire par Corybante que jamais elle ne consentirait à devenir l’esclave d’une poupée : c’était ainsi qu’elle qualifiait tous les honorables gentilshommes des environs ; et enfin elle jura ses grands dieux que, si on la poussait à bout, elle ferait voir ce dont elle était capable. Bien entendu, don Geronimo renferma en lui-même le secret de ce qu’il pensait être des fanfaronnades, et il commença ses recherches pour déterrer un homme de bien qui consentît tout à la fois à le débarrasser de sa nièce, ce qui pouvait n’être pas séduisant, et à frustrer les Bianconeri du retour de ses fiefs, ce qui n’était qu’agréable. Nous devons aussi. ajouter que, jusqu’à ce moment, hors les confidents intimes de la famille et les domestiques, tout le pays était tenu dans une quasi-ignorance des singulières allures de dona Paula. Son oncle s’en faisait un point d’honneur : il regardait la réputation de sa famille comme engagée à ce que le dernier rejeton jouît d’une bonne renommée ; et si dans le village des propos de laquais avaient réussi à éveiller l’attention, on jasait très bas, de peur d’éveiller la colère implacable du vieux gentilhomme.

Messer Foscari, prévenu de l’existence de la riche Paula, et réduit aux abois par ses créanciers, avait pris la poste et était venu offrir sa personne et son nom à don Geronimo. Sur ces deux articles, il n’y avait point de difficultés à faire. Il était beau garçon et des mieux nés. Quant à sa conduite, on sait que la censure eût pu en devenir dangereuse