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Page:Gobineau - Scaramouche - 1922. djvu.djvu/74

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notre pauvre Corybante qui, après avoir déposé le manteau d’abbé par suite de la mort de sa tante, mangeait mesquinement sa succession, et qui accepta la place qu’on lui offrait, moitié par faiblesse de caractère et pour ne pas dire non, moitié aussi parce qu’il ne savait que faire de lui-même.

La rusée Paula avait bien vite reconnu le naturel de lièvre de son pédagogue : il était devenu son très humble serviteur ; il vivait sous sa pantoufle de la même manière qu’il avait vécu sous celle de Rosetta ; avec cette différence cependant que cette dernière ne l’eût jamais employé qu’à des étourderies, tandis que sa nouvelle maîtresse était fort capable de le mêler à des entreprises scabreuses. Cependant, malgré toute l’attention possible, l’éducation de l’héritière de Torrevermiglia n’avançait point ; on eût pu croire, au contraire, que le contact des bons principes exaspérait cette âme endurcie dans le mal, car tous les jours elle devenait pire. La seule chose qu’elle eût apprise, c’était à tirer le pistolet.

Force fut bien à don Geronimo de comprendre qu’il n’en ferait jamais une sainte personne ; et, bien que dans ses entretiens avec le curé et le podestat, il se montrât toujours plein d’espérance, les deux amis s’aperçurent un jour qu’il était à peu près convaincu de l’inutilité de ses efforts, puisqu’il annonça l’intention de la marier. Pour dona Paula, elle reçut cette proposition avec de grands éclats de rire et le refus le plus formel ; elle