Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/104

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du monde extérieur, le résultat produit avait été pareil sur la fille de Naxos à ce qu’on avait pu le voir sur les tempéraments d’élite de ces temps reculés. Les qualités natives de la jeune fille n’avaient pas été supprimées mais concentrées, et au lieu de s’épandre luxueusement en fibrilles multipliées, couvertes de feuilles, de fleurs, de fruits, elles avaient poussé droit en branches fortes, sans nœuds, montant vers le ciel, ayant du charme mais encore plus de majesté, de la séduction, mais plus encore de grandeur. Toute la puissance de son âme s’était concentrée dans son entourage, et aucune curiosité de regarder au-delà ne l’agitant, ne l’occupant même, rien de ce qu’elle avait d’énergie pensante n’avait été distrait de ce qu’elle devait aimer, et aucun instinct ne l’avait portée à en agrandir le cercle. Encore une fois, Akrivie était la femme des temps homériques, ne vivant, n’existant, n’ayant de raison d’être que par le milieu où elle se mouvait, fille, sœur exclusivement, en attendant qu’elle devînt, d’une manière non moins absolue, épouse et mère. L’être indépendant se retrouve peu dans de telles natures ; ce sont des reflets ; elles ne