Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/115

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se passait autour d’elle, sortit davantage de sa tranquillité, Norton remarqua avec un intérêt extrême qu’elle n’avait point une insensibilité si inébranlable qu’il avait paru jusqu’alors. Ce qui se voyait au large, ce qui se passait à bord mettait des rayonnements dans ses yeux. Henry l’épiait comme un jardinier suit les progrès d’un bourgeon qui s’ouvre et devient fleur. Elle paraissait chercher à comprendre les gens qui l’entouraient ; ceux-ci, à leur tour, faisaient de leur mieux pour obtenir un regard d’une si adorable personne, car on peut assez se figurer que l’état-major de l’Aurora était en admiration. Le second étalait les grâces de sa poitrine et faisait miroiter son pantalon blanc, les boutons d’or de sa chemise aux plis irréprochables et la chaîne de sa montre. Le navigating-officer, bien qu’absorbé par le service, trouvait des moments pour offrir une observation ingénieuse en donnant un tour des plus séduisants à ses favoris rouges. Les masters s’empressaient de monter sur le pont des fauteuils de toutes les formes, et préparaient des breuvages élaborés avec les éléments les plus étranges. Seul, le docteur, maintenu dans son calme par ses