Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/120

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

dans le Péloponnèse, où il était resté quelques années. Cependant il avait vieilli ; soixante-dix ans ou à peu près sonnaient à ses oreilles le conseil de devenir sage. Il en profita pour épouser une toute jeune femme, et après deux ans d’union, il était venu tenter la fortune une fois de plus à Antiparos. Ainsi, tour à tour militaire russe, politique turc ou grec, négociant égyptien, courtier indien, le comte ionien se trouvait maintenant viticulteur dans les Cyclades. On ne peut refuser à ce type, qui n’est nullement rare en Orient, beaucoup d’activité, beaucoup d’ingéniosité, beaucoup de souplesse et une grande philosophie contre la mauvaise fortune.

Norton vit venir de loin l’insulaire à la rencontre des hôtes qui lui arrivaient ; du moins il supposa, et avec raison, que la description des deux Naxiotes ne pouvait, dans toute l’île d’Antiparos, convenir qu’à la seule figure cheminant à cette heure au bout du sentier. Le comte était un homme de moyenne taille, pauvrement vêtu, mais non sans prétention, et qui ne paraissait nullement avoir l’âge avancé que M. Phrangopoulo lui attribuait. Il se montra