Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/133

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la demande de l’état-major, Norton avait consenti à accepter pour ses hôtes et pour lui l’hospitalité du carré.

Le moral des officiers de marine subit par la vie de bord une double influence. Dans les premières années du service, l’ennui des longues journées monotones est heureusement combattu par l’amour du métier ; cependant il pèse quelquefois beaucoup, et alors tout ce qui vient changer le régime ordinaire est ardemment accueilli et goûté avec transport. Plus tard, l’amour du métier n’existe plus ; l’officier ne continue à servir que parce que la nécessité l’y contraint ; il est dégoûté mais résigné, et dans cet état déplorable de l’âme, qui n’est autre que l’abattement de la servitude sans espérance, la seule consolation, l’unique adoucissement est précisément cette monotonie morose qui, au début, était l’inconvénient de la profession. C’est pourquoi les vieux officiers ont une horreur marquée pour tout ce qui vient modifier ou interrompre le cours régulier de l’existence navale, et ils détestent le séjour des étrangers, et plus particulièrement encore celui des femmes au mi-