Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/134

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lieu d’eux. Cela trouble la paix de la tanière, et force bon gré mal gré à penser à quelque chose.

Par une fortune singulière, il n’y avait pas de vieux officiers à bord de l’Aurora, de sorte que tous sentiments répulsifs du genre de ceux que je viens de décrire en étaient absents. Charles Scott, l’aspirant, n’était pas le seul à s’attendrir en secret sur les perfections d’Akrivie et à pousser des soupirs. On prétendit plus tard que le vieux docteur lui-même rêva dans la nuit qui succéda à ce jour mémorable qu’il trouvait une plante nouvelle sur la plage de Milo et qu’une voix céleste se faisait entendre et lui commandait de désigner sa découverte à l’attention des botanistes sous le nom d’Akrivia incomparabilis. En un mot, le navire de Sa Majesté britannique flottait sur les eaux tout parfumé des sensations les plus discrètes et les plus délicieuses.

Soit par réaction de la sympathie générale, soit que, peu à peu, elle se trouvât plus à son aise, Akrivie, en vérité, montrait à chaque instant aux yeux ou à l’imagination de Norton des grâces et des mérites de plus. Il s’aperçut