Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/14

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côté de son existence, il porta un dévouement qui dépassa l’ordinaire. Il ne voulut jamais se marier, il paya deux fois les dettes de Palazzi, qui se laissa successivement égarer par une cantatrice et par une certaine miss Julia Boyle, venue à Céphalonie sur le même navire que l’état-major du 84e des highlanders, circonstance extraordinaire due à des malheurs de famille, comme l’expliquait ce pauvre Denys Palazzi, qui ne douta des mérites et des vertus de sa Julia que lorsqu’il eut rencontré une dame de Paris ; celle-ci lui fit faire du chemin. Jérôme Lanza montra dans ces occasions une douceur et une patience égales à sa générosité. Il ne s’emporta jamais contre son ami et se chargea même du fils premier-né, Spiridion, charmant jeune homme, qui, avec le temps, devint l’accessoire indispensable du principal café d’Argostoli, d’où il ne bougeait, et où l’on pouvait le trouver à toute heure en face d’une tasse de café ou d’un verre d’eau. Mais la favorite avouée du comte Jérôme, c’était Sophie Palazzi, de deux ans plus jeune que son frère. Chacun savait dans la ville que son parrain ne s’était pas marié en grande partie