Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/13

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vate d’un blanc douteux, quelquefois en pantoufles, fidèle en cela au laisser-aller italien, et toujours sans le moindre ruban à sa boutonnière. On lui en savait gré.

Le comte Jérôme Lanza avait au fond du cœur des passions fortes, et s’il était, en réalité, assez indifférent aux affaires des autres, il ne l’était nullement, tant s’en faut, à ses intérêts, ses plaisirs et ses affections. Peu de semaines après son retour de Padoue, où il avait reçu ses degrés et pris ses licences, il avait rencontré chez une de ses cousines, une nouvelle mariée, la comtesse Palazzi, dont la première vue le frappa singulièrement. Ce fut le coup de foudre dont les gens qui raisonnent sur l’amour ont tant parlé. Lanza était, à cette époque, fort agréable, causait bien, chantait avec plus de goût naturel que de savoir, en somme semblait tout à fait digne de plaire, et il plut. Un an s’écoula à peine, et madame Palazzi venait d’avoir son premier enfant que, devenu l’ami intime de l’époux, il se trouva installé dans tous les droits, devoirs, prérogatives, jouissances, immunités et douceurs d’un état qui devait durer sa vie entière. Dans ce