Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/140

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rieur de l’ancien gouffre a été envahi tout entier par les eaux, et il est si profond, qu’au ras même de la côte la corde trouve soixante, soixante-dix et quatre-vingts brasses de fond. Seulement, à quelques centaines de mètres, une aiguille de rochers s’est maintenue ; c’est le seul point où les navires puissent jeter l’ancre ; en face, à quelque distance, des éruptions volcaniques soit antérieures, soit postérieures à notre ère, ont fait successivement surgir de petits îlots contigus. Un volcan éteint depuis quelques siècles s’élevait au milieu d’eux, quand la nouvelle commotion est venue tout à coup remuer et remanier la configuration de ce sol incertain. Tel est l’aspect général de la rade de Santorin. Quand le temps est mauvais, il est presque impossible d’aborder dans l’île, car les embarcations seraient broyées sans rémission contre la falaise.

Ce jour-là, heureusement, rien de semblable n’existait, de sorte que le canot du commandant de l’Aurora aborda sans difficulté sur le rebord étroit servant de débarcadère. On prit des chevaux pour monter jusqu’en haut, et en suivant une route appliquée en lacets multi-