Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/139

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chrétienne, elle eût préféré encore que tout cet appareil fût provenu de la puissance de saint Georges ou de celle de saint Dimitri. Le résultat obligé de ce désaccord entre les sentiments et les explications fut que la belle enthousiaste oublia les dernières à mesure qu’elle les entendit, et se composa pour son propre usage, dans le fond de sa pensée, une sorte d’idée vague, obscure, mais très convenable et très poétique de ce qu’était un volcan. Norton fut, en réalité, enchanté de voir qu’elle ne se démentait pas. Les caractères logiques aiment leurs pareils, et l’absurde leur cause moins de peine que l’inconséquence.

On dormit peu cette nuit-là, et le lendemain, au petit jour, la corvette mouillait devant Santorin, en face de la falaise dominée par la ville de Théra. Santorin n’est autre chose qu’une partie de la crête écroulée d’un ancien cratère. C’est un demi-cercle ébréché jaillissant brusquement du sein des eaux, et qui se poursuit à l’est et au sud en une sorte de plaine inclinée qui va bientôt rejoindre l’autre rive de la mer, et qui formait jadis, à des époques antérieures à l’homme, le sommet de la montagne. L’inté-