Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/152

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de pointer un canon, il alla vers eux et leur demanda un moment d’attention. Sa figure était grave, et ses deux amis composèrent immédiatement les leurs à son exemple :

— Messieurs, leur dit-il, j’ai l’intention de quitter la marine dans un délai très prompt. Naxos me plaît, et je m’y fixerai. Probablement je m’y occuperai de quelque établissement agricole ; en tout cas, j’y résiderai d’une manière définitive. Comme il n’est pas bien que l’homme soit seul, je désire me marier ; une femme étrangère ne s’accoutumerait peut-être pas aisément dans ma nouvelle patrie ; je préfère donc épouser une fille du pays, et si vous n’y voyez pas d’inconvénients, je vous serais obligé de m’accorder la main de mademoiselle votre fille et filleule.

Ce petit discours fut débité du ton le plus froid. M. de Moncade ouvrit de grands yeux. M. Phrangopoulo se redressa d’un air digne, et, contrairement à ce qui arrivait dans l’ordinaire de la vie, il ne laissa pas son ami prendre la parole, mais répondit ainsi lui-même au commandant :

— Monsieur, je suis flatté de votre proposi-