Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/151

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la chambre. Norton resta sur ses pieds, en face des débris de son château de cartes.

Le coup était rude, et le commandant ne s’y était pas attendu. Mais ce sont les moments de crise qui mettent en leur jour les grands caractères. Il envisagea gravement sa situation.

« Si elle m’aimait, se dit-il, elle ne serait pas ce que j’aime en elle, la fille de l’antiquité et de la vie simple, étrangère aux orages du sentiment. Akrivie ne doit aimer que ses parents, son mari et ses enfants ; hors de là, le monde n’existe pas pour elle. Je me suis laissé égarer dans les maudites routes de mon éducation moderne. Revenons au vrai. L’épreuve où je viens d’échouer, loin de me détacher de ma résolution, doit m’y confirmer davantage, car je vois plus que jamais à quel point le trésor découvert par moi est pur et sans mélange. Je ne prétends pas chercher les agitations d’une tendresse à l’européenne ; ce sont les éléments d’une vie spéciale que je recueille. Ma faute serait irréparable si je n’entrais de suite dans la bonne voie. »

Voyant sur le pont M. Phrangopoulo et M. de Moncade qui se faisaient expliquer la manière