Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/161

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Avant tout, l’important était de montrer à la galerie l’excès de ses souffrances. Ceci ne pouvait s’indiquer que par la force des distractions auxquelles il aurait recours. Cette considération excluait naturellement l’idée d’un voyage sur les bords du Rhin, en Suisse, en Angleterre et même en Italie. De telles promenades ne sauraient appeler sur ceux qui les exécutent aucune espèce d’intérêt. Il y a peu d’années, en s’enfonçant dans la direction de l’Espagne, on aurait eu plus de chances d’ébranler les imaginations. C’eût été s’exposer, ou mieux, paraître s’exposer à quelques fatigues insolites, et donner à entendre qu’on allait affronter les mœurs dangereuses des imitateurs de l’Impeciñado. Mais depuis la création des chemins de fer de la Péninsule, les illusions de ce genre s’affaiblissent. Après avoir cherché quelque temps, Charles se rappela que plusieurs semaines avant la catastrophe dont il était la victime, il avait soupé chez un de ses amis avec un Anglais bon vivant, lequel avait raconté des histoires de chasse et obtenu un succès estimable par un récit très embrouillé dont Terre-Neuve avait été le théâtre ; le fait