Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/162

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

avait été jugé piquant et nouveau. Charles résolut d’aller aussi à Terre-Neuve ; c’était bien préférable à un tour en Orient, qui, dans tous les cas, vous expose à prendre un vernis d’archéologue, inconvénient à éviter. Il annonça sa résolution ; elle surprit. Personne de son intimité ne savait au juste où était Terre-Neuve, preuve frappante de la sagesse du parti auquel il s’était arrêté.

Il se composa un costume de chasse. Les bottines étaient admirables ; justes aux pieds sans les serrer, d’un cuir souple qui ne prenait pas l’humidité, pourvues de semelles fortes sans être dures, couronnées à l’Exposition de 1865. Les courses à cheval devant être fréquentes à son avis, et souvent nocturnes, il fit confectionner des étriers pourvus de lanternes ; une tente d’une invention merveilleuse, pouvant au besoin servir de bateau ou de voiture, s’enfermant dans un parapluie, avec un lit, un pliant, une table, et ne prenant pas plus de place que… ce qui en peut prendre le moins. Inutile de vanter le nécessaire de toilette, il était sublime ! On pourrait toucher un mot des armes : deux fusils, deux revolvers, deux bowie-