Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/167

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— Auriez-vous la prétention de croire, mon cher ami, répliqua Charles un peu stupéfait de l’outrecuidance patriotique de son suivant, que l’on s’occupe à Paris des grands hommes de Terre-Neuve ?

— Vous pouvez bien avoir envie de faire les fiers, je ne dis pas, riposta l’homme ; il est cependant assez connu que nous vous avons fait mettre les pouces dans l’affaire des pêcheries et qu’il n’est pas un de vos royaumes ou empires du vieux monde qui ne commence à trembler quand l’Amérique lui parle. Vous imaginez-vous que nous ne le savons pas ?

« Ah çà, mais les consuls généraux et les domestiques me paraissent ici fort extraordinaires », pensa Charles. Il garda cependant le silence, jugeant trop enfantin de se compromettre avec un valet de place, lequel d’ailleurs continuait à marcher à ses côtés en sifflant philosophiquement.

À six heures, on annonça au brillant Parisien la voiture de M. Harrison. D’après les précédents, il se préparait à monter dans une charrette ; mais ce fut un délicieux coupé dont un groom en livrée marron et jonquille lui ouvrit