Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/169

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

table dame, remarquable par une dent incisive décidément brouillée avec ses compagnes et débordant la lèvre inférieure de plus de quatre lignes. Cette dame était décorée d’un immense bonnet à coques, et portait avec une majesté douce une robe de soie noire et une montre attachée à une énorme chaîne d’or.

— Ma femme ! cria Harrison.

Enfin, contre la fenêtre, debout, se tenait une espèce de géant, quelque chose de pareil au Caligorant du Pulci, un gaillard large comme est long un enfant de huit ans, avec une tête monstrueuse, couverte d’une forêt de cheveux bruns à demi gris, bouclés dru les uns sur les autres, et qui, enveloppé, Dieu sait comme ! d’un habit noir dont on eût pu habiller quatre personnes raisonnables, le cou très à l’aise dans une cravate bleu clair, regardait avec des yeux de même couleur la personne du nouvel arrivant.

— Mon ami M. Georges Barton, à qui vous allez avoir affaire ! s’écria encore Harrisson en terminant le cercle de ses présentations.

Charles était ahuri. Il salua à droite, il salua à gauche ; les femmes répondirent, les