Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/170

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hommes peu, et l’on passa immédiatement dans la salle à manger.

Un essai de conversation avec madame Harrison amena celle-ci à des confidences. Depuis plusieurs années, elle souffrait de maux de dents extrêmement répétés ; elle en décrivit avec douceur les principales singularités, et s’enquit des connaissances de son auditeur dans la matière. Celui-ci s’efforça de répondre à cette confiance en indiquant des spécifiques ; mais imparfaitement préparé à une pareille discussion, il se vit obligé, pour ne pas rester absolument au-dessous de son rôle, de toucher quelques mots de la Revalescière Dubarry, et il s’étendait avec conviction sur l’éloge de cette substance, quand le bruit de la conversation générale devint si fort qu’il se tourna à demi pour écouter. Madame Harrison le voyant inattentif, laissa tomber l’entretien avec résignation, et il fut tout entier aux propos qui s’échangeaient avec de puissants éclats de voix, des éclats de rire, des éclats d’indignation et de temps en temps un coup de poing violemment assené sur la table, ce qui faisait sauter tout ce qui était dessus.