Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/17

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sonne ne s’avisa d’aller interroger Jérôme Lanza, dont la physionomie avait repris la plus grande sérénité. On sut d’ailleurs que le comte Tsalla était à Pétersbourg, où il avait pris du service dans les chevaliers-gardes. Cette nouvelle fit beaucoup rire Palazzi, quand on lui en parla au café, et il bouffonna si bel et si bien sur ce sujet, que tous les soupçons revinrent. Ils augmentèrent davantage quand on fit courir le bruit qu’un certain Apostolaki, grand gaillard redouté, qui n’avait d’autre profession que d’accompagner de loin le comte Jérôme dans ses promenades et de dormir dans sa cour après avoir soupé à sa cuisine, s’était vanté au cabaret d’avoir fait un coup d’autant plus beau que personne n’en saurait jamais rien. Des lettres de Pétersbourg apprirent à qui voulut l’entendre que le comte César n’avait jamais paru dans cette capitale, à plus forte raison que les chevaliers-gardes ne le possédaient pas dans leurs rangs. À force de chuchoter entre Céphaloniotes, on finit par admettre quelques Anglais dans la confidence ; d’ailleurs Jérôme Lanza, comme tous les grands hommes, n’était pas sans compter des ennemis secrets ; et fina-