Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/18

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lement, un beau matin, le comte fut invité par le commissaire britannique à venir lui parler.

Les Européens apportent dans leurs affaires une précision qui a toujours paru souverainement ridicule, grossière et répugnante aux Orientaux, et il faut avouer que rien n’est plus désagréable que certaines questions. Cependant le comte Jérôme se tira parfaitement de l’indiscrète insistance du général. Il repoussa avec l’indignation qui convenait à un homme de sa naissance les soupçons odieux jetés sur sa moralité ; il défia qu’on pût lui présenter aucune preuve, et en effet il n’y en avait pas ; il parla avec émotion de sa vie consacrée tout entière à faire le bien, et rappela délicatement le dévouement sans bornes dont il avait donné tant de marques au trône de la Grande-Bretagne et d’Irlande. Il conclut, dans une péroraison véhémente, en faisant observer à son grave interlocuteur que ceux qui prétendaient noircir sa réputation appartenaient tous à ce détestable parti d’anarchistes et de démagogues, si répandu alors dans toute l’Europe et qui tendait visiblement, dans les îles Ioniennes, à ébranler l’autorité légitime du lord haut-com-