Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/180

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rivant, et ils se serrèrent la main avec un intérêt qui ne se dissimulait pas. Au même instant, Harrison faisait son entrée d’un autre côté.

— Bonjour, mes petites demoiselles, comment vous portez-vous ? cria le bruyant personnage si bien accueilli par Jenny. Bonjour, Harrison. Hé, vieux père, comment va cette santé ? Très bien ! Tant mieux ! Tant mieux vous dis-je ! Vivent les amours et la verte Irlande ! Ah ! c’est vous, monsieur le Français ? Charmé de vous voir ! Nous parlions de vous tout à l’heure sur le port, et il ne s’en est fallu de rien que je ne vous aie lancé à travers les jambes un article qui, j’en suis sûr, aurait fait tomber le ministère colonial comme un capucin de cartes, et peut-être même renvoyé le gouverneur en Angleterre avec accompagnement de pommes de terre dans le dos !

— Il s’agit de moi ! s’écria Charles au comble de l’étonnement.

— Oui, de vous ! de vous-même en propre personne ! Jenny, mon cher ange, donnez-moi une tasse de thé, je vous prie, et huit tartines !

Jenny n’avait pas cessé de regarder avec l’admiration la plus convaincue et la plus