Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/181

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tendre le nouvel arrivé, depuis son invasion dans la chambre ; elle s’empressa de le servir, pendant qu’il continuait son explication.

— Oui, vous dis-je, j’allais vous empoigner dans mon journal l’Informateur commercial, et voilà comme j’avais l’idée de vous prendre ; je débutais ainsi :

« Les gouvernements de l’Europe, à bout de voies, réduits au désespoir par l’intrépide attitude du parlement colonial, forcés de reculer devant les manifestations redoutables d’un peuple libre, se sont décidés à recourir aux manœuvres du machiavélisme le plus effréné. Nous apprenons de source certaine, par nos correspondants de Paris… — je n’ai pas besoin de vous dire, monsieur Rupert, que je n’ai pas à Paris le moindre correspondant, mais ces choses-là plaisent aux abonnés ! — nous apprenons, dis-je, qu’un nommé Rupert…

— Cabert, dit tout bas la jolie Jenny.

— Cabert ? Je vous remercie, Jenny ! Vous êtes toujours la meilleure fille qu’il y ait au monde ! « Cabert, Robert, Rupert, Chabert, homme taré, employé depuis vingt ans dans les