Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/193

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vêtement et de revenir sur le pont, il se coucha et s’endormit d’un profond sommeil.

Quand il s’éveilla, il fut comme aveuglé par le jour. Il regarda sa montre. Il était midi. Mais la goélette dansait horriblement.

Il ne manquait plus que cela, se dit le jeune homme. Un gros temps ! Probablement nous sommes en retard, car nous devrions être rendus. J’imagine que ce M. Barton demeure à quelques heures de Saint-Jean ; dans tous les cas, voyons un peu.

Charles s’habilla, non sans peine, en luttant contre le roulis et le tangage, et il arriva trébuchant sur le pont. Il pleuvait à verse, et le vent soufflait à décorner les bœufs. Barton était à la barre, couvert de toile cirée et fumant son cigare.

— J’ai bonne chance, dit-il à Cabert en souriant avec aménité ; si nous pouvons garder ce même vent pendant trois jours, dans huit jours nous serons chez nous.

— Comment, dans huit jours ! s’écria Charles au désespoir. Où allons-nous donc ?

— Mais sur la côte ouest, j’imagine, et, à moins que mon îlot n’ait changé de place,