Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/192

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gagner la goélette ; mais tandis qu’il manœuvrait avec les deux hommes formant son équipage, pour se débrouiller hors des nombreux bâtiments au milieu desquels il avait été mouillé et gagner la sortie du port, on entendit longtemps encore des hourrahs ! et des « Cabert for ever ! » à défrayer toute une élection anglaise.

— Allez m’ôter ces jolies choses que vous avez sur le corps, dit Barton, et mettez-vous en tenue de mer ! Voilà la cabine.

Charles trouva le conseil bon, et entra ; mais à la lueur de la petite lampe pâle qui éclairait la cellule navale, il eut beaucoup de peine à savoir où placer le pied, car le plancher était couvert de paniers de provisions de toute espèce, de bouteilles de toutes formes, bordeaux, champagne, sherry, marsala, eau-de-vie, rhum, ale, porter et spruss, dont la sollicitude d’Harrison avait pris soin d’approvisionner son voyage.

Horrible bête ! pensa Cabert, révolté plus que touché par cette munificence de mauvais goût. Il était si exaspéré contre les gens au milieu desquels il était tombé, et d’ailleurs si épuisé de fatigue, qu’au lieu de changer de