Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/202

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ni ridicule, et Charles ne put s’empêcher d’être frappé du charme de cette jeune fille. À côté d’elle se tenait un monsieur extrêmement maigre, à physionomie grave et maladive, mais d’une distinction si saisissante, que le jeune Parisien n’en fut guère moins étonné que des perfections nouvelles qu’il découvrait en Lucy. Cette figure austère, ce front dénudé, cette apparence ravagée lui furent un spectacle inattendu ; il eut l’instinct qu’il se trouvait en présence d’un être aussi dépaysé que lui dans ces latitudes, et cette sensation fut accompagnée d’une antipathie subite et d’un mouvement d’aversion bien senti.

Ce personnage singulier était le maître d’école. Comme Cabert n’en sut jamais plus long sur son compte et n’eut pas d’autre nom à lui donner que celui de M. John, il faut, pour l’intelligence parfaite de ce qui se passa ensuite, raconter ce que M. John était véritablement.

Il se nommait sir Hector Latimer, et dans sa jeunesse avait occupé un emploi de quelque importance dans le service civil de la Compagnie des Indes, présidence de Madras. On sait que beaucoup de jeunes demoiselles anglaises,