Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/203

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sans fortune, vont dans ces pays avec l’intention avouée d’y chercher des maris. Sir Hector fit, dans un bal donné par le 104e régiment de la Reine, la connaissance de miss Géraldine Leed, en devint amoureux et l’épousa. Un an après, et comme sa passion allait toujours croissant, il trouva un soir, sur la table de son cabinet, une lettre l’avertissant que sa femme, n’étant pas parvenue à l’aimer malgré d’héroïques efforts, s’était décidée à réclamer l’appui de M. Henry Heaton, du 11e régiment des fusiliers, et était partie avec lui pour l’Angleterre. Lady Géraldine terminait ce document, écrit de sa propre main et signé de son nom de fille, par l’assurance qu’elle conserverait toujours de la gratitude pour les bons soins de son mari, dont elle reconnaissait n’avoir jamais eu à se plaindre.

Sir Hector donna sa démission, revint à Londres, et se mit à jouer et à boire. Il vécut avec des grooms et des gens de la pire espèce, et prenait le grand chemin de se ruiner, et peut-être de finir devant quelque cour de justice, quand, une nuit où il traversait le Strand, parfaitement ivre, le hasard lui fit rencontrer une