Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/205

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protestant, rendait parfaitement témoignage, sans y songer, que l’esprit d’ascétisme et de rude pénitence est profondément empreint dans certaines âmes anglaises, quel que soit leur culte. C’était l’homme qui avait déplu tout d’abord à Charles Cabert, et on ne peut là qu’admirer le tact sûr des divers tempéraments.

On passa dans la salle à manger, et on se mit à table. La beauté de Lucy préoccupait Cabert de plus en plus. Il était l’objet des attentions de la jeune fille, et cela l’enivrait ; M. John ne soufflait mot. Georges Barton parlait politique.

— À quel parti appartenez-vous ? demanda-t-il brusquement à son hôte.

— Je vous avouerai, répondit celui-ci, que je n’ai pas beaucoup d’opinions. Je laisse ce luxe à ceux qui croient à quelque chose. En général, je fuis les exagérations, et je me borne à souhaiter le progrès et le développement du bien-être matériel. En somme, je penche pour les idées démocratiques, mais je ne me lie qu’avec des hommes bien élevés.

— Quel galimatias me racontez-vous là ? s’écria Barton. Vous êtes démocrate, vous ?