Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/212

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

supposait pas que ce vœu impliquât rien dont son idole pût être offensée, car elle se savait digne d’être acquise : belle, courageuse, dévouée, tendre, fidèle comme l’or. Pourquoi hésiter ? Si le jeune Français ne voulait pas d’elle, il le dirait, et tout serait fini. Il n’y a que les pédants qui prétendent que la logique est la même partout ; les idées sont des carrefours d’où descendent une grande quantité de routes fort divergentes.

Charles s’aperçut d’abord des bonnes intentions de Lucy à son égard ; mais, partant de la même impression qui agissait sur la jeune fille, il suivit une voie tout autre. Il pensa que, dans un pays où on se mariait provisoirement, risque à ne rencontrer un prêtre et sa bénédiction qu’un nombre illimité d’années après l’union, il était tout à fait explicable que les jeunes demoiselles eussent du goût pour le premier venu. La fille de Georges Barton était une charmante personne, et bien plus excusable, dans le cas présent, que toutes ses compagnes, attendu qu’elle était soumise à une tentation difficile à surmonter. Un Parisien orné de ses grâces, perfectionné par la vie élégante, connaissant à