Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/215

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la question se développait, quand M. John entra. Il venait chercher Charles de la part de M. Barton pour lui faire visiter le jardin, et les établissements de pêche, et les cuves pour la fonte des huiles provenant de la dépouille des phoques.

« Que le diable l’emporte ! » pensa Charles.

— À ce soir, dit-il à Lucy.

— À ce soir ! lui répondit-elle ; et il y avait des deux côtés, dans ces simples mots, un monde de promesses différemment entendues.

Quand Charles eut fait quelques pas avec M. John, celui-ci lui dit de cette voix douce et pénétrante qui lui était particulière :

— Monsieur, je n’ai pas l’honneur d’être de votre connaissance, et vous auriez le droit de trouver mauvais mon intervention dans vos affaires ; mais mon âge me prête quelques prérogatives, et dans votre intérêt, je vous engage à ne pas vous croire ici dans un salon d’Europe.

— Je ne m’y crois pas non plus, monsieur ! répliqua Charles avec cet accent d’ironie qu’il maniait à la perfection. Il me faudrait une puissance d’illusion que je ne possède pas !

— C’est donc à merveille, repartit froide-