Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/216

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

ment M. John ; buvez, mangez, chassez, amusez-vous de ce qu’on vous offre, mais ne commettez pas de méprise, vous n’en comprenez pas les conséquences.

— Ce que je ne comprends pas, c’est votre discours. Voulez-vous que j’en demande l’explication à M. Barton ?

Le maître d’école se mordit la lèvre ; Charles pensa que c’était de crainte, et il en rit bien en lui-même, car il croyait deviner que le vieux bonhomme, malgré sa maigreur et son air éteint, avait sournoisement pris feu pour Lucy, et, comme le chien du jardinier, empêchait les autres de manger le dîner auquel il ne pouvait toucher lui-même. Pendant qu’il s’applaudissait de sa sagacité, de sa pénétration et de sa résolution, Barton s’approcha avec son fils Patrice. Il fit faire à Charles le tour de l’îlot, lui en détailla les curiosités, entre autres un carré de quinze pieds environ, où, au moyen de quelque peu de terre à peu près végétale apportée de loin, on avait réussi à faire pousser une demi-douzaine de choux et des plants de rhubarbe. La visite générale achevée, on retourna se mettre à table pour attendre le dîner.