Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/223

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C’est une bonne affaire pour vous ; mais je sais que c’en est aussi une fort bonne pour elle. Le vieux Harrison me l’a confié ! Votre père est riche, et vous l’êtes vous-même ! Voici ce que j’ai arrangé de mon côté avec Patrice. Je pense que cela vous conviendra, car nous sommes des Barton du Somerset, et je n’entends pas que Lucy se marie comme une mendiante. Nous partirons tous demain sur la goélette pour Saint-Jean ; l’évêque lui-même vous mariera ; nous vous donnerons tout ce que nous avons dans la banque et nos actions sur le chemin de fer d’Halifax ; vous monterez une maison de commerce pour l’exportation des huiles, et que je sois pendu, mon garçon, si, avant que votre fils aîné fasse sa première communion, nous n’avons fait entre nous la plus belle fortune de la colonie !

En traçant ce tableau enchanteur, Barton s’exaltait, et Patrice, qui n’en parlait pas davantage, riait silencieusement en balançant la tête de l’air le plus approbateur.

Charles, épouvanté au plus haut point, et sentant le danger sur lui, la gueule ouverte, lui soufflant au visage, comprit que, s’il ne voulait