Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/226

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

Elle mit la main sur son cœur et tomba sur une chaise, mais elle ne s’évanouit pas. Barton repoussa rudement Patrice, qui arrivait droit sur Charles, dans je ne sais quelle intention.

— Monsieur Cabert, dit le pêcheur de phoques, vous avez voulu tromper une honnête fille. Cela ne se fait point dans nos pays, et je ne crois pas que la loi de Dieu le permette nulle part. Si, maintenant, moi qui suis le père de Lucy, et Patrice, qui est son frère, nous menions M. Charles Cabert, ici présent, dans une barque, et que, pieds et poings liés, avec deux pierres de quatre-vingts livres attachées au corps pour assurer son équilibre, nous allions le jeter à une lieue au large, qu’en penserait M. Charles Cabert ?

Charles Cabert était assurément un garçon de courage ; mais on ne saurait nier qu’il éprouva à ces paroles un sentiment désagréable. Il s’écria pourtant, bien que d’une voix un peu chevrotante :

— Monsieur Barton, si vous agissiez de la sorte, vous savez que l’officier commandant la station navale française viendrait vous en demander compte.