Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/227

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— Vous voulez plaisanter, mon cher monsieur Cabert ! Votre officier ne passera que dans un an, et je vous prie de me faire connaître par quels moyens il serait informé de votre triste sort. Vous êtes dans mes mains, monsieur ; vous êtes… peu de chose, monsieur ; et si je ne vous écrase pas comme un ver, c’est que je vaux mieux que vous, monsieur !

La porte s’ouvrit, et M. John entra. Ce fut pour Charles un tel surcroît d’humiliation et de chagrin, vu l’antipathie qu’il avait éprouvée d’abord pour le maître d’école, que peu s’en fallut que, dans son désespoir, il n’éclatât en bravades, surtout quand il entendit Barton exposer le cas au nouveau venu, dans des termes crus et peu ménagés, et en prêtant à son malheureux hôte les intentions les moins droites. Je ne sais si réellement celui-ci les avait eues, mais ce lui était une raison pour désirer d’autant moins les voir étalées devant ses yeux.

— Mon cher Barton, ma chère Lucy, s’écria M. John en souriant, et le rire avait une expression si singulière sur ses traits, qui n’y semblaient pas accoutumés, que cela seul commandait l’attention ; comment avez-vous pu, sérieusement,