Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/59

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fermant sur des réduits de quatre pieds de large ; plus de rideaux laissant circuler l’air et le jour, et, ce qui est caractéristique et curieux, on y contemple fréquemment des tableaux, des objets d’art, et surtout des livres. Sous ces derniers rapports, le logis de Henry Norton était riche en dépit de sa petitesse. Des gravures d’après d’anciens maîtres d’Italie, deux ou trois petites toiles achetées à Messine et à Malte, et, partout où l’on avait pu assujettir des tablettes, des volumes de différentes grosseurs et épaisseurs : traités de mathématiques, livres d’économie politique, histoire, philosophie allemande, romans nouveaux, tout cela s’alignait, se pressait, se foulait, se montait l’un sur l’autre, et il en traînait encore sur les chaises ; Henry Norton était un admirateur passionné de Dickens et de Tennyson, ce qui ne l’empêchait pas de faire consciencieusement son métier et de le bien savoir. Arrivé à trente-trois ans avec une jolie figure blonde et douce, il parlait peu, songeait beaucoup, rêvait assez, présentait ce mélange si commun chez ses compatriotes d’esprit positif, d’esprit romanesque et d’énergie, et, fort avancé dans