Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/66

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veux étaient taillés, comme les habits, d’après le goût antique, de façon à former sur les tempes des accroche-cœurs comparables aux pavillons ornementés dont s’accompagnent les grands monuments, tandis que de vastes toupets gris, s’élevant avec noblesse sur le sommet de la tête et couronnant la largeur du front, rappelaient encore mieux ces frontons rigides, qui signalent au respect des peuples les tribunaux de première instance.

Voilà ce que les deux insulaires avaient en commun ; pour le reste, ils différaient. Celui qui marchait le premier était petit, un peu gros, assez haut en couleur, l’air souriant et heureux ; l’autre, au contraire, élancé, extrêmement maigre, d’un teint un peu jaune, paraissait souffrant et triste, mais résigné. Norton ne put se défendre de leur trouver des physionomies extrêmement distinguées ; leurs figures vieillottes n’appartenaient pas aux premiers venus, et il lui passa dans l’esprit des réminiscences de certains types de gentilshommes français et italiens rencontrés par lui dans sa première jeunesse.

Sous l’empire de cette impression, et dé-