Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/69

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nière oraison funèbre prononcée sur les cendres du vainqueur de Waterloo. Cette pénible émotion s’étant un peu dissipée, M. de Moncade offrit quelques observations sarcastiques contre les Français en général et contre l’esprit révolutionnaire en particulier, et sans se prononcer nettement, il laissa entrevoir qu’en ce qui le concernait, il trouvait peu de plaisir aux souvenirs de la guerre de l’indépendance hellénique, attendu que le gouvernement d’Athènes jugeait à propos d’envoyer un éparque dans l’île, tandis que jamais, au grand jamais, tant que le Sultan avait régné sur l’Archipel, on n’y avait vu un Turc, grand ou petit. Pour lui, il n’estimait que les vieilles familles, les gens de race noble, c’est-à-dire d’origine européenne ; il était incapable d’oublier que ses ancêtres étaient venus du midi de la France, où il était possible que leur nom existât encore, et il savait de science certaine qu’aucune mésalliance n’avait altéré la pureté du sang circulant dans ses veines. M. de Moncade, plus vif et plus causant que M. Phrangopoulo, prenait soin le plus souvent de parler au nom de ce dernier. Ainsi Norton apprit que celui-ci n’était