Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/79

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gnalés au commandant avec un certain orgueil. Peu de chefs-d’œuvre pareils existaient dans l’île.

À peine assis, Norton fut pris d’un désir puissant de ne pas passer sa journée à regarder la voûte blanche arrondie au-dessus de sa tête ; en conséquence, il consulta ses amis sur la meilleure manière d’employer le temps. On posa en principe qu’on ne le quitterait pas d’une minute, et il s’aperçut que réclamer la solitude serait à la fois désoler ses hôtes et les blesser gravement. Ce premier point ne fut donc discuté qu’autant que la discrétion parut lui en faire un devoir. Norton s’aperçut ensuite qu’il ne lui fallait pas songer à envelopper son séjour dans un incognito impossible. L’apparition d’un bâtiment de guerre dans le port de Naxos était un événement si extraordinaire, que toute la vie sociale du pays s’en trouvait affectée ; partout on en parlait ; la grande nouvelle volait sur les ailes de la renommée avec une rapidité si prodigieuse qu’avant peu d’instants elle allait avoir traversé de part en part les vallons les plus solitaires ; dès lors rien de plus nécessaire que de satisfaire la juste curiosité des