Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/80

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notables et aller montrer aux évêques, aux deux ou trois représentants des plus grandes familles du pays ce que c’était qu’un commandant anglais, espèce d’entité dont les plus savants avaient entendu parler, mais que nul n’avait vue. Ce devoir accompli, on se rendrait à la campagne chez M. Phrangopoulo, et on y passerait le reste du jour.

Les choses ainsi arrangées, Henry se mit en devoir de s’exécuter gaillardement. Sur le pas des portes, hommes, femmes, enfants étaient rassemblés et saluaient l’étranger du meilleur sourire du monde. Ces braves gens avaient l’air de nonchalance et de calme que donnent le loisir et l’absence de besoins. La beauté de la plupart des femmes était saisissante. Un ciel magnifique, une cité pittoresque à l’excès, et toute petite et toute ramassée, et toute semblable au nid d’une seule famille, la paix la plus inaltérable, un charme extrême sur beaucoup de visages, la bonne humeur sur tous, voilà ce qui accueillait le nouveau venu, et il n’avait pas l’âme faite de façon à n’en pas être doucement remuée et attendrie. Deux heures ne s’étaient pas écoulées depuis que les vieux