Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/86

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le manoir n’avait que quatre ou cinq pièces, et se terminait par une plate-forme flanquée des quatre guérites, et sur laquelle séchait à ce moment la récolte du maïs.

Tout cela fut visité et examiné par Norton dans le plus grand détail, et quand il se fut rassasié de la beauté du paysage étendu autour de la vieille demeure vénitienne, il revint à la grande salle, où l’attendait un spectacle d’une autre espèce. La partie féminine de la famille était réunie sur le sofa. Il y avait la mère, madame Marie Phrangopoulo, respectable matrone fort grasse, peu mobile, faisant rouler gravement entre ses doigts ronds et courts les grains de son chapelet. On lui voyait les grands yeux noirs du pays et un air de calme absolu ; pas l’ombre d’animation, mais quelque vingt ans en çà elle avait dû être ce qui s’appelle une beauté. La dame assise à côté d’elle, et que l’on dit à Norton être sa belle-fille, était brune ; elle avait la figure accentuée, avec des cheveux noirs lustrés admirables, un regard d’une profondeur à faire réfléchir ; peut-être n’y avait-il rien au fond, mais c’est là un mystère à laisser à l’écart : c’était madame Triantaphyllon Phran-