Page:Gobineau - Souvenirs de voyage. Cephalonie, Naxie, et Terre-Neuve , 1872.djvu/87

La bibliothèque libre.
Le texte de cette page a été corrigé et est conforme au fac-similé.

gopoulo. À son jupon se cramponnaient deux petits garçons, l’un châtain et l’autre brun comme elle, tous deux beaux comme des anges et regardant l’étranger de cet air d’implacable méfiance et de profonde admiration toujours si plein de charme chez les enfants. La jeune femme tenait un troisième baby sur ses genoux, et celui-là serrait entre ses petites mains roses une orange où se concentraient toutes ses facultés ; une fillette de quelques mois était portée par une petite servante syrienne, et à ce sujet il faut dire ici que tout le passé des îles se reflète d’une manière bien exacte dans le présent. Aux temps antiques, les Cyclades ont vu s’établir sur leurs plages plus d’Asiatiques que de Grecs, encore plus de Phéniciens que d’Hellènes, et les antiquités qu’on y trouve montrent moins rarement les idoles difformes de Tyr et de Sidon que les dieux élégants d’Athènes ; aujourd’hui les choses vont à peu près de même. Les Athéniens n’ont pas de hâte pour venir s’échouer sur ces plages, où les séductions de la nature luttent vainement contre les appels de la grande Constantinople, de la commerçante Smyrne, de l’opulente Alexan-