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dans ce genre ne prouvent pas la multiplicité première des origines ; que, dès lors, si étranges que puissent paraître, à des yeux européens, les types nègres ou mongols, ce n’est pas une démonstration de cette multiplicité d’origines, et que les causes de la séparation des familles humaines devant être cherchées moins haut et moins loin, on peut considérer les déviations physiologiques comme les simples résultats de certaines causes locales agissant pendant un laps de temps plus ou moins long[1].

Poursuivis par tant d’objections bonnes et mauvaises, les partisans de la multiplicité des races ont cherché à agrandir le cercle de leurs arguments ; et, cessant de s’en tenir à la seule étude des crânes, ils ont passé à celle de l’individu humain tout entier. Pour montrer, ce qui est vrai, que les différences n’existent pas uniquement dans l’aspect de la face et dans la

  1. Job Ludolf, dont les données sur cette matière étaient nécessairement fort incomplètes et inférieures à celles que nous possédons aujourd'hui, n'en combat pas moins, en termes très piquants, et avec des raisons sans réplique pour ce qui concerne les nègres, l'opinion acceptée par M. Prichard. Je ne résiste pas au plaisir de citer : « De nigredine Ethiopum hic agere nostri non est instituti, plerique ardoribus solis atque zonæ torridæ id tribuant. Verum etiam intra solis orbitam populi dantur, si non plane albi, saltem non prorsus nigri. Multi extra utrumque tropicum a media mundi linea longius obsunt quam Persæ aut Syri, veluti promontorii Bonæ Spei habitantes, et tamen isti surit nigerrimi. Si Africæ tantum et Chami posteris id inspectare velis, Malabares et Ceilonii aliique remotiores Asiæ populi æque nigri excipiendi erunt. Quod si causam ad cœli solique naturam referas, non homines albi in illis regionibus renascentes non nigrescunt ? Aut qui ad occultas qualitates confugiunt, melius fecerint si sese nescire, fateantur. – Jobus Ludolfus, Commentarium ad Historiam Æthiopicam, in-fol., Norimb., p. 56. – J'ajouterai encore un passage de M. Pickering ; ce passage est court et concluant. Parlant des séjours de la race noire, le voyageur américain s'exprime ainsi : « Excluding the northern and southern extremes with the tableland of Abyssinia, it holds all the more temperate, and fertile parts of the Continent. » Ainsi, là où il se trouve moins de noirs purs, c'est là qu'il fait le moins chaud... Pickering, The Races of Man, and their geographical distribution, dans l'ouvrage intitulé : United States exploring Expedition during the years 1838, 1839, 1840, 1841 and 1842, under the command of Charles Wilkes, U. S. N. ; Philadelphia, 1848, in-4o, vol. IX.