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construction osseuse des têtes, ils ont allégué des faits non moins graves, comme la forme du bassin, la proportion relative des membres, la couleur de la peau, la nature du système pileux.

Camper et d’autres anatomistes avaient reconnu, depuis longtemps, que le bassin du nègre présentait quelques particularités. Le docteur Vrolik, étendant plus loin ses recherches, a observé que, pour les Européens, les différences entre le bassin de l’homme et celui de la femme sont beaucoup moins marquées, et dans la race nègre il voit, chez les deux sexes, un caractère très saillant d’animalité. Le savant d’Amsterdam, partant de l’idée que la conformation du bassin influe nécessairement sur celle du fœtus, conclut à des différences originelles (1)[1].

M. Weber est venu attaquer cette théorie ; toutefois, avec peu d’avantages. Il lui a fallu reconnaître que certaines formes de bassin se rencontraient plus fréquemment dans une race que dans une autre, et tout ce qu’il a pu faire, c’est de montrer que la règle n’est pas sans exception, et que tels sujets américains, africains, mongols, présentent des formes ordinaires aux Européens. Ce n’est pas là prouver beaucoup, d’autant que M. Weber, en parlant de ces exceptions, ne paraît pas avoir été préoccupé de l’idée que leur conformation particulière pouvait n’être que le résultat d’un mélange de sang.

Pour ce qui est de la dimension des membres, les adversaires de l’unité de l’espèce prétendent que l’Européen est mieux proportionné. On leur répond que la maigreur des extrémités, chez les nations qui se nourrissent particulièrement de végétaux, ou dont l’alimentation est imparfaite, n’a rien qui doive surprendre ; et cette réplique est bonne assurément. Mais lorsqu’on objecte, en outre, le développement extraordinaire du buste chez les Quichuas, les critiques, décidés à ne pas le reconnaître comme caractère spécifique, réfutent l’argument d’une manière moins concluante : car prétendre, ainsi qu’ils le font, que cette ampleur de la poitrine s’explique, chez les

  1. Prichard, Histoire natur. de l'homme, t. 1, p. 166.