Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 1.djvu/165

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dans la constitution des races, depuis le commencement des temps historiques, sous l’empire des circonstances ici indiquées, ne paraissent pas avoir eu l’importance qu’il faudrait leur prêter pour expliquer suffisamment tant et de si profondes dissemblances. On va le comprendre à l’instant.

Je suppose que deux tribus, pareilles encore au type primitif, se trouvent habiter, l’une une contrée alpestre, située dans l’intérieur d’un continent, l’autre une île de la région maritime. La condition de l’air ambiant sera toute différente pour les deux populations, la nourriture le sera de même. Si, de plus, j’attribue des moyens d’alimentation abondants à l’une, précaires à l’autre ; qu’en outre, je place la première sous l’action d’un climat froid, la seconde sous celle d’un soleil tropical, il est bien certain que j’aurai accumulé les contrastes locaux les plus essentiels. Le cours du temps venant ajouter ce qu’on lui suppose de forces à l’activité naturelle des agents physiques, peu à peu les deux groupes finiront certainement par revêtir quelques caractères propres qui aideront à les distinguer. Mais, fût-ce au bout d’une série de siècles, rien d’essentiel, rien d’organique n’aura changé dans leurs conformation ; et la preuve, c’est qu’on rencontre des populations séparées par le monde entier, placées dans des conditions de climat et d’existence très disparates, dont les types offrent cependant la ressemblance la plus parfaite. Tous les ethnologistes en conviennent. On a même voulu que les Hottentots fussent une colonie chinoise, tant ils ressemblent aux habitants du Céleste Empire, supposition d’ailleurs inacceptable (1)[1]. On découvre, de même, une grande similitude entre le portrait qui nous est resté des anciens Étrusques et le type des Araucans de


échappe complètement à cet esclavage, que je refuse de comparer perpétuellement sa position, vis-à-vis des forces de la nature, à celle des animaux.

(1) C'est Barrow qui a émis cette idée, se fondant sur quelques ressemblances dans les formes de la tête et sur la carnation, en effet jaunâtre, des indigènes du cap de Bonne-Espérance. Un voyageur dont le nom m'échappe a même corroboré cette opinion de la remarque que les Hottentots portent, en général, une coiffure qui ressemble au chapeau conique des Chinois.


  1. (1) C'est Barrow qui a émis cette idée, se fondant sur quelques ressemblances dans les formes de la tête et sur la carnation, en effet jaunâtre, des indigènes du cap de Bonne-Espérance. Un voyageur dont le nom m'échappe a même corroboré cette opinion de la remarque que les Hottentots portent, en général, une coiffure qui ressemble au chapeau conique des Chinois.