Page:Gobineau Essai inegalite races 1884 Vol 1.djvu/230

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Le premier coup d’œil jeté sur la question semble favoriser cette solution fâcheuse. Car, en prenant les races dans leur état actuel, on est obligé de convenir que la perfection des idiomes est bien loin d’être partout proportionnelle au degré de civilisation. À ne considérer que les langues de l’Europe moderne, elles sont inégales entre elles, et les plus belles, les plus riches n’appartiennent pas nécessairement aux peuples les plus avancés. Si on compare, en outre, ces langues à plusieurs de celles qui ont été répandues dans le monde, à différentes époques, on les voit sans exception rester bien en arrière.

Spectacle plus singulier, des groupes entiers de nations arrêtées à des degrés de culture plus que médiocre sont en possession de langages dont la valeur n’est pas niable. De sorte que le réseau des langues, composé de mailles de différents prix, semblerait jeté au hasard sur l’humanité : la soie et l’or couvrant parfois de misérables êtres incultes et féroces ; la laine, le chanvre et le crin embarrassant des sociétés inspirées, savantes et sages. Heureusement, ce n’est là qu’une apparence et, en y appliquant la doctrine de la diversité des races, aidée du secours de l’histoire, on ne tarde pas à en avoir raison, de manière à fortifier encore les preuves données plus haut sur l’inégalité intellectuelle des types humains.

Les premiers philologues commirent une double erreur : la première, de supposer que, parallèlement à ce que racontent les Unitaires de l’identité d’origine de tous les groupes, toutes les langues se trouvent formées sur le même principe ; la seconde, d’assigner l’invention du langage à la pure influence des besoins matériels.

Pour les langues, le doute n’est même pas permis. Il y a diversité complète dans les modes de formation et, bien que les classifications proposées par la philologie puissent être encore susceptibles de révision, on ne saurait garder, une seule minute, l’idée que la famille altaïque, l’ariane, la sémitique ne procèdent pas de sources parfaitement étrangères les unes aux autres. Tout y diffère. La lexicologie a, dans ces différents milieux linguistiques, des formes parfaitement caractérisées à part. La modulation de la voix y est spéciale : ici, se servant