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milieu des noirs. De ce moment seul, nous pouvons entrevoir une aurore planant au-dessus du chaos humain. Tournons-nous donc vers les origines de la famille d’élite, afin d’en saisir les premiers rayonnements.

Cette race ne paraît pas être moins ancienne que les deux autres. Avant ses invasions, elle vivait en silence, préparant les destinées humaines et grandissant, pour la gloire de la planète, dans une partie de notre globe qui, depuis, est redevenue bien obscure.

Il est, entre les deux mondes du nord et du sud, et, pour me servir de l’expression hindoue, entre le pays du midi, contrée de la mort, et le pays septentrional, région des richesses (1)[1], une série de plateaux qui semblent isolés du reste de l’univers, d’un côté par des montagnes d’une hauteur incomparable, de l’autre par des déserts de neige et une mer de glace (2)[2].

Là un climat dur et sévère semblerait particulièrement propre à l’éducation des races fortes, s’il en avait élevé ou transformé plusieurs. Des vents glacés et violents, de courts étés, de longs hivers, en un mot, plus de maux que de biens, rien de ce que l’on dit propre à exciter, à développer, à créer le génie civilisateur : voilà l’aspect de cette terre. Mais, à côté de tant de rudesse, et comme un véritable symbole des mérites secrets de toute austérité, le sol recouvre d’immenses richesses minérales. Ce pays redoutable est, par excellence, le pays des richesses et des pierres fines (3)[3]. Sur ses montagnes habitent

  1. (1) Lassen, Indische Alterthumskunde, t. I.
  2. (2) A. de Humboldt, Asie centrale, t. I.
  3. (3) A. de Humboldt, Asie centrale, t. I, p. 389. — « Les recherches des dernières années et la conviction que l’on a obtenue de la richesse métallique que possède encore de nos jours l’Asie boréale, jusque dans la région des plaines, nous conduit presque involontairement aux Issédons, aux Arimaspes et à ces griffons, gardiens de l’or, auxquels Aristée de Proconnèse et, deux cents ans après lui, Hérodote, ont donné une si grande célébrité. J’ai visité ces vallons où, à la pente méridionale de l’Oural, on a trouvé, il n’y a que quinze ans, à peu de pouces sous le gazon, et très rapprochées les unes des autres, des masses arrondies d’or, d’un poids de 13, de 16 et de 24 livres. Il est assez probable que des masses plus volumineuses encore ont existé jadis à la surface même du sol, sillonnée par les eaux courantes. Comment donc s’étonner que cet or, analogue aux blocs erratiques, ait été recueilli par des peuples chasseurs ou pasteurs, etc. » C’est le Hataka, le pays de l’or de la géographie mythologique des Hindous. Les trésors y sont abondants et gardés par des gnomes appelés Guhyakas (de guh, cacher), dans lesquels on reconnaît les Finnois, les mineurs à la taille ramassée. Nous leur verrons jouer le même rôle chez les Scandinaves. (Lassen, Ind. Alterth., t. II, p. 62.)